Par CMM

Depuis l'annonce du nouveau gouvernement du Gabon, certains hommes pérorent sur le nombre de femmes promues à des postes stratégiques dans notre pays. Partout sur les réseaux sociaux, ils font savoir qu’elles « contrôlent désormais la Primature, la Cour constitutionnelle, la Défense nationale, l’Économie, le Budget, le Travail, l’Éducation, la Justice, les Affaires étrangères, les Affaires sociales, voire les foyers. » C’est véritablement l’affaire du verre à moitié plein ou à moitié vide... Il y a belle lurette que les sociologues ont démontré que les sociétés humaines, primitives ou policées, sont écrites au masculin. C’est la raison pour laquelle sous tous les cieux,  les femmes ont souvent été discriminées (mariages forcés, excision, inégalités salariales, analphabétisme, polygamie, maternité abondante, lévirat, etc.) Autant de situations discriminatoires favorisées par l’antique tradition ou par un environnement patriarcal qui travaille au maintien des privilèges masculins.

C’est certainement pour tenir compte de cette réalité que le Chef de l’État, Ali Bongo Ondimba, a décrété une « décennie de la femme » en vue de diminuer ses frustrations et lui donner le sourire après des siècles de dépendance.  
« La femme est un homme comme les autres », lit-on sous la plume  d’Elisabeth Badinter. Pas étonnant donc que la gent féminine soit considérée à sa juste valeur, aujourd'hui et pour toujours, c'est du moins ce que les femmes espèrent ! Il n'y a donc pas lieu de considérer que treize femmes sur trente huit ministres, selon le trombinoscope de l’actuelle équipe gouvernementale, soit  une aberration. « C’est trop ! », estiment les phallocrates. « C’est encore peu ! » pourraient rétorquer les féministes.

Certes la prise en compte des femmes va crescendo, notamment avec le ministère chargé de l’égalité des genres et les nominations discrétionnaires de femmes à des postes enviables. Nous n’allons pas faire la fine bouche, mais nous osons croire qu’en raison de leur pourcentage numérique dans la population, elles pourraient prétendre à un meilleur équilibre. En cela, nous saluons les efforts déjà consentis par le chef de l’État pour sortir les femmes de notre pays du minimalisme statutaire. Mais les mentalités ont la vie dure… Les femmes ont raison de ne pas céder aux sirènes de la peur, du découragement ou de la limitation mentale qui tuent l’estime de soi. Elles gagneront à oser, afin de marcher sur les sentiers déjà reconnus par leurs devancières du moment, lesquelles ont tracé la voie.

Où sont donc les femmes ? Cette interrogation rappelle le titre d’une chanson de Patrick Juvet. La nuance réside dans le fait que le chanteur fustigeait le comportement de la femme masculinisée et recherchait celle d’antan, pleine de charme et de flamme. Nous à l’inverse, nous souhaitons leur présence massive sur toutes les marches de l’escalier social. 2023 se prépare aujourd’hui, avec la « majorité féminine » également. Sans aller en guerre contre le règne autrefois « naturel » et « divin » de l’homme, il s’agit juste pour elles de choisir un couloir et de s’exprimer en toute responsabilité et compétence, de manière à apporter leur contribution essentielle dans un pays en situation d’émergence. Le cerveau est asexué, c’est bien connu. Et le monde se totalise: « ce que l’homme peut, la femme le peut. »

Il est donc salutaire que les femmes sortent de leurs zones de confort pour investir le parlement, les instances dirigeantes des partis politiques, les directoires des entreprises publiques ou privées, le commerce national et international, les universités, etc. La femme ne doit plus souffrir du complexe de « l’éternelle seconde. » Einstein disait : « Si je suis allé loin, c’est parce que je suis monté sur les épaules de géants. » Le géant de la femme était son homme, l’un et l’autre sont à l'heure actuelle deux forces qui se complètent dans leur inégalité, dans une symbiose équilibrée pour la construction de nos familles et de notre pays.