En Europe occidentale, une propagande délétère mortifère s’acharne depuis longtemps à dénigrer le mariage et les relations harmonieuses entre les hommes et les femmes. Sans vouloir idéaliser leurs rapports, Tania Pétille a tenu, à travers une fable, à illustrer la possibilité de garder entre eux un certain équilibre et à mettre en valeur les exemples réussis de leur solidarité complémentaire.

Par Tania Pétille

Une lionne douillettement
S'était aménagé une tanière
Elle y habitait confortablement
Prenant grand soin de sa crinière

C'était un endroit bien choisi
Aux commodités abondantes
En écoutant sa fantaisie
Tout en se montrant très prudente

Elle y recevait ses amis
Offrant le gite et le couvert
Le lion quand il y fut admis
Dormait alors au diable vauvert

Mais après avoir passé la nuit
En compagnie de la féline
Il ressortit conquis séduit
Lui jouant de la mandoline

Il en devint fol amoureux
Lui fit sa demande en mariage
Les voilà tous les deux heureux
De finir leur vagabondage

Leurs destins ainsi réunis
Pour conserver leur harmonie
L’un servant à l’autre d’appui
Ils se sont soutenus depuis

Leurs différences de caractère
Les rendaient plutôt complémentaires
Elle obsédée par son fourbi
Lui enivré par ses lubies

Car il n’avait pas renoncé
À tous ses rêves insensés
Ayant gardé les pieds sur Terre
Elle fut son paratonnerre

Le dissuadant de divaguer
Dans des contrées trop déglinguées
Malgré leur gout pour le grand air
Ils suivaient des règles sévères

Chaque soir revenant au bercail
Pour ne pas déclencher la pagaille
La lionne et le lion en ménage
C’est aussi le lion et la lionne en cage

Chacun veut son indépendance
Comment gérer leurs dissemblances ?
Ils trouvèrent la solution
En s’adonnant à leurs passions

Qu’ils exercèrent dans leur coin
Aménagé pour leurs besoins
Ils étaient tous deux férus d’art
Se différenciant des viandards

C’était des lions civilisés
Pragmatiques et avisés
Ils décorèrent leur caverne
De tableaux de style art moderne

Couvrant les murs de nombreux livres
C’était leur façon de bien vivre
Créatifs ils en produisaient
Dans leur repère ils se plaisaient

Chacun avait son atelier
Lui pour écrire elle pour peindre
Par leurs désirs ils étaient liés
Leur ôtant l’envie de se plaindre

La moralité de ce conte
Surgit en sa péroraison
La vie d’un couple au bout du compte
Dépend beaucoup de sa maison

Un grand espace est nécessaire
Pour éviter d’être adversaires
Chacun doit trouver son bonheur
Écrivaillonne ou barbouilleur

En aidant l’autre à s’exprimer
L’un concourt à sa réussite
Ils n’ont aucun mal à s’aimer
Il prend sa part de son mérite

Dans le partage ils s’épanouissent
Leurs vœux les plus chers s’accomplissent
Si des lions sourcilleux le mariage bénissent
Les Humains pointilleux à leur tour se réjouissent

La vie de couple en somme est pourvue de délices…