Après l’indemnisation des clients de la Banque gabonaise de développement (BGD) en cours et ceux de la Banque de l’habitat du Gabon (BHG), deux établissements bancaires placés également en liquidation, la clientèle de la Postebank espère, à son tour, voir le bout du tunnel après plus d’une dizaine d’années d’attente.

Par Yann Essabe

Des gouvernements successifs, que de promesses faites à la clientèle de la Postebank, constituée en majorité de petits épargnants issus des couches sociales les plus défavorisées l’ensemble du pays. Leur espoir s’est mué depuis longtemps en drame. Une situation qui a conduit plusieurs clients à renvoyer sine die des projets de vie conçus autour de leurs épargnes.
Grèves des agents de la Poste SA, sit-in, marches de protestations des clients pour dénoncer la filouterie dont ils sont l’objet, n‘ont produit que des sauts de guêpe. Tout au plus, des promesses, elles-mêmes non tenues jusqu’à ce jour.

Si des milliers d’épargnants ont battu le bitume et pris d’assaut les ministères de tutelle pour réclamer leur dû depuis la mise en liquidation de la fameuse banque en 2007, puis sous administration provisoire en novembre 2015, leur nombre s’est considérablement rétréci depuis lors, comme peau de chagrin. Et pour cause, plusieurs décès ont été enregistrés dans leurs rangs. Leurs héritiers putatifs ou désignés ne savent plus à quel Saint se vouer. D’autres, las, ont remis au bon Dieu ce dossier épineux.

Aussi, face à cette indignité manifeste, la nomination en conseil des ministres du 28 septembre 2023 du nouveau Président directeur général (PDG) de la Poste SA, Jean Eric Raynald Ndama, ainsi que les engagements des autorités de la Transition à travers la ministre de la Communication, Laurence Mengue Mezogho épouse Ndong, sonnent-elles comme une lueur d’espoir pour la clientèle de ladite banque de rentrer enfin en possession de leurs épargnes.

Selon le porte-parole du gouvernement, «ce dossier est sur la table depuis trop longtemps, il va falloir que nous trouvions des solutions pendant cette transition qui veut rendre aux Gabonais leur dignité. Ce dossier doit trouver une solution, on ne peut pas simplement passer cela par perte et profit parce que derrière, ce sont des vies qui sont engagées». 

Et d’ajouter : « Peut-être que pour certains, trois millions ce n‘est rien, mais trois millions pour une commerçante, parfois, c’est 10 ans d’économie, donc comprenons que ces personnes, qui ont perdu leurs épargnes, soient amères, aigries. Comprenons pourquoi de fois, elles se fâchent avec nous. Mettons-nous à leur place». Tout en appelant à plus d’humanité dans la diligence de ce dossier dont les résultats sont vivement attendus par les bénéficiaires.

Après la décision de la Commission bancaire d’Afrique centrale (Cobac) de mettre la Postebank en liquidation en 2007, le liquidateur avait procédé à la vérification du montant réel des dépôts par l’enrôlement des épargnants sur présentation des livrets d’épargne. À l’issue de cette vérification, la somme de 75 milliards de francs CFA serait la dette due à la clientèle. Plusieurs années après la mise en liquidation de la Postebank, filiale de la Poste SA, les épargnants de cet établissement bancaire continuent de broyer du noir et attendent toujours d’être indemnisés.

Selon certains analystes financiers, il serait peut-être temps d’appliquer, à la Postebank le même mécanisme qui a permis à la Banque gabonaise de développement et la Banque de l’habitat du Gabon, deux établissements bancaires mis en liquidation, de sortir de l’ornière. Pour le bonheur des épargnants pour la majorité de simples agriculteurs ou de petits commerçants.