Posté par Alain Moundoumba, le 29 décembre 2024
La direction générale des services spéciaux (DGSS) a mis la main, lundi 23 décembre 2024r, sur un des plus grands réseaux de trafic de drogues, avec à la clé la saisie de 17 kilogrammes de cocaïne évalués à près d’un milliard de francs CFA.
Par Alain Moundoumba
Le butin est colossal : 17 kilogrammes de cocaïne et plus de 25 000 boîtes de Tramadol (" Kobolo "), enfouis dans des moteurs de véhicules importés et des pièces détachées. Les fins limiers de la direction générale des services spéciaux (DGSS) ont réussi à mettre la main sur deux présumés narcotrafiquants, les sieurs Joseph Akodiwe et Nzue Armand. Ils sont soupçonnés d’être les principaux cerveaux du trafic et de distribution de stupéfiants au Gabon, avec des ramifications, semble-t-il, dans la sous-région.
En effet, en l’espace de deux mois (novembre et décembre 2024), les quantités de stupéfiants importées auraient augmenté à cause des fêtes de fin d’année, période de forte consommation des drogues, explique-t-on dans les milieux spécialisés. Le 4 novembre dernier, les douanes gabonaises ont, au Port-Môle de Libreville, interpellé un bateau en provenance du Togo avec dans ses soutes, 1565 tablettes de cannabis, soit 1, 5 tonne d’une valeur de 140 000 000 de francs CFA.
Le lendemain, des douaniers officiant à l’aéroport Léon Mba interceptaient à leur tour 21 kilogrammes de cannabis dissimulés dans des carcasses de mouton provenant du Bénin. Quelques jours après, 7 kilogrammes de cannabis et plus de 2000 comprimés de Tramadol, toujours en provenance du Bénin, étaient saisis dans le même aéroport de Libreville. Les drogues avaient été embarquées dans un vol d'Air Côte-d’Ivoire.
Cette série de saisies et leur quantité montrent à quel point la ville de Libreville est en passe de devenir le principal marché des narcotrafiquants dans la sous-région d'Afrique centrale. Cela pour deux raisons. Prisée pour le niveau de vie supposé élevé de ses habitants, la capitale gabonaise serait devenue le « Miami » des trafiquants de drogues.
En effet, des informations obtenues, il ressort que la pilule de Tramadol, par exemple, coûterait 50 FCFA au Cameroun et dans certains pays ouest-africains. Au Gabon, son prix varie entre 350 FCFA et 500 FCFA. La cocaïne, appelée aussi la drogue des riches ou la « blanche », est vendue entre 75 000 FCFA et 120 000 FCFA le gramme. Autre fait constaté, le Gabon serait très perméable via ses frontières maritime, aérienne et terrestre par lesquelles transitent les cargaisons de stupéfiants.
Le directeur général des douanes et droits indirects, Hughes Modeste Odjangou, ne cesse d’alerter sur la nécessité de doter son corps de moyens de lutte plus efficaces pour mieux contrer les trafics de drogues dans notre pays. Mieux, il prône une mutualisation des efforts entre les spécialistes de lutte contre les stupéfiants.
Dans un documentaire sur ce phénomène galopant au Gabon, diffusé dans une chaîne de télévision locale, les témoignages sur le mode opératoire des " narcos " donnent froid au dos. Ces derniers profiteraient des failles du système sécuritaire de nos frontières quand ils ne bénéficient pas de complicités au sein même des différentes administrations de contrôle.
Le Tramadole surnommé " kobolo " par la jeunesse des quartiers, fait des ravages jusque dans les lycées et collèges où il est vendu par des élèves des deux sexes, parfois très jeunes. Conséquences, les agressions mortelles au couteau, les violences sur les enseignants et les décrochages scolaires sont devenus légion.
Le Dr Marie-Louise Rondi nous explique que le " kobolo " est une association à base d’antidouleurs agissant directement sur le cerveau. Il apporterait une sensation de bien-être aux consommateurs par la sécrétion de la dopamine, l’hormone du plaisir. Mais, ajoute-t-elle, sa consommation journalière peut faire sauter les " verrous de sécurité du cerveau ".
Autre fait grave, l'usage du " kobolo " est désormais popularisé voire banalisé par une musique des banlieues particulièrement offensive vis-à-vis de la jeunesse : la " Ntcham ", dont l'une des vedettes montantes est le fameux "l'Oiseau Rare", de son vrai nom Kourouma Ben Mohamed d'origine guinéenne. Cette musique décriée vante les " mérites " du " kobolo " et encourage la jeunesse vulnérable à sa consommation. Les mêmes artistes sur fond de " toli bangando ", le largo local, " héroïsent " les trafiquants à travers des clips dans lesquels ils se mettent en scène et consomment le cannabis.
Il y a donc péril en la demeure pour notre jeunesse. Et le gouvernement de Transition, sur incitation du ministre de la Culture souvent mal inspiré, plutôt que d'octroyer la nationalité gabonaise à des musiciens contreversés, doit nettoyer les écuries d’Augias avant qu'il ne soit trop tard.
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29/12/2024 à 12:35
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